8 avril 2016

Les gens heureux n'ont pas d'histoire

Vous avez déjà entendu cette maxime? Moi, oui. Des tonnes de fois. Parce que je suis de nature heureuse. Sauf qu'aujourd'hui, j'ai une histoire à raconter. Mais ça, personne ne veut le savoir!¹

Je suis là, plantée au beau milieu de ma vie à naviguer tant bien que mal sur les vagues qui envahissent mon corps et mon esprit.  Consciente du malaise qui m’habite, j’en ai mal au cœur. Ironie du sort, ce n’est pas pour la raison tant espérée. Au secours! Les vagues font rage et je sens que je vais bientôt chavirer. Oui, je sais nager, mais j’ai peur de me noyer dans les profondeurs de ma peine. Ha! Le mal de mère surgit de nouveau! En plus, une nappe d’eau brouille ma vue. Vite, je dois mettre le cap sur une autre pensée. Même si je n’en mène pas large.  Si au moins je pouvais prendre un comprimé pour soulager ma douleur. Non, la pilule miracle n’existe pas. Il y a bien quelques remèdes, mais certains ne sont pas compatibles avec mes convictions et d’autres occasionnent trop d’effets secondaires. Comment se fait-il que je me retrouve dans cette situation? N’avais-je pas tout prévu avant d’entreprendre mon voyage? Il devait être facile pourtant. Un vrai jeu d’enfant aux dires de mon entourage. Justement! J’en n’ai pas d’enfant. Peut-on me laisser tranquille une fois pour toute? Je dois déjà lutter contre le mal de mère. Je me passerais bien de lutter contre tous ces écueils qui gênent mon parcours. Du genre: «T’es pas encore enceinte? Qu’est-ce que t’attends?  Va-t-il falloir qu’on te montre comment faire?  Dis à ton chum que je vais t’en faire un bébé s’il n’est pas capable». Quelle ignorance! Toutes les fois, je me rapproche du fond tellement j’en ai lourd sur le cœur. J’ai beau vouloir me convaincre que je suis tout de même chanceuse d’être une belle-mère, je n’y arrive pas. Désolée Beauté. Maternellement, ça ne vaut rien. C’est de la frime. J’aime profondément, oui. Je cajole tendrement, oui. Je prends soin sans compter, oui. Mais j’ai besoin de plus. Le vide que je ressens est indescriptible. Je coule. Vais-je demeurer à jamais une épave?

La réponse à cette dernière question est non. Parce qu'un petit homme s'est pointé dans ma vie comme par magie il y a presque 10 ans. Pourquoi ressortir cette vielle histoire alors? Je vous l'ai dit, les gens heureux n'ont pas d'histoire. Et, si je ne vous parle pas du «motton» qui me noue l'estomac en ce moment, c'est que personne ne veut le savoir. Pas même moi. Trop peu. Trop banal. Trop ordinaire.

Ai-je besoin d'attention? Non, je ne crois pas. J'ai l'habitude de passer incognito dans la masse. Et du coup, je ne me sens plus seule...


Illustration: Anne-Marie Auclair
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¹Petite phrase qui revient fréquemment dans mon premier livre: «Un livre en plus pour une livre en moins ça fait le poids»... À vous d'en découvrir le sens! ;-)

²Texte que vous trouverez aux pages 48-49 dans mon deuxième livre: «Free for All - Confusion, illusion ou liberté»

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