Je
suis là, plantée au beau milieu de ma vie à naviguer tant bien que mal sur les
vagues qui envahissent mon corps et mon esprit.
Consciente du malaise qui m’habite, j’en ai mal au cœur. Ironie du sort,
ce n’est pas pour la raison tant espérée. Au secours! Les vagues font rage et
je sens que je vais bientôt chavirer. Oui, je sais nager, mais j’ai peur de me
noyer dans les profondeurs de ma peine. Ha! Le mal de mère surgit de nouveau!
En plus, une nappe d’eau brouille ma vue. Vite, je dois mettre le cap sur une
autre pensée. Même si je n’en mène pas large.
Si au moins je pouvais prendre un comprimé pour soulager ma douleur.
Non, la pilule miracle n’existe pas. Il y a bien quelques remèdes, mais
certains ne sont pas compatibles avec mes convictions et d’autres occasionnent
trop d’effets secondaires. Comment se fait-il que je me retrouve dans cette
situation? N’avais-je pas tout prévu avant d’entreprendre mon voyage? Il devait
être facile pourtant. Un vrai jeu d’enfant aux dires de mon entourage.
Justement! J’en n’ai pas d’enfant. Peut-on me laisser tranquille une fois pour
toute? Je dois déjà lutter contre le mal de mère. Je me passerais bien de
lutter contre tous ces écueils qui gênent mon parcours. Du genre: «T’es pas
encore enceinte? Qu’est-ce que t’attends? Va-t-il falloir qu’on te montre
comment faire? Dis à ton chum que je
vais t’en faire un bébé s’il n’est pas capable». Quelle ignorance! Toutes les
fois, je me rapproche du fond tellement j’en ai lourd sur le cœur. J’ai beau
vouloir me convaincre que je suis tout de même chanceuse d’être une belle-mère,
je n’y arrive pas. Désolée Beauté. Maternellement, ça ne vaut rien. C’est de la
frime. J’aime profondément, oui. Je cajole tendrement, oui. Je prends soin sans
compter, oui. Mais j’ai besoin de plus. Le vide que je ressens est
indescriptible. Je coule. Vais-je demeurer à jamais une épave?
La réponse à cette dernière question est non. Parce qu'un petit homme s'est pointé dans ma vie comme par magie il y a presque 10 ans. Pourquoi ressortir cette vielle histoire alors? Je vous l'ai dit, les gens heureux n'ont pas d'histoire. Et, si je ne vous parle pas du «motton» qui me noue l'estomac en ce moment, c'est que personne ne veut le savoir. Pas même moi. Trop peu. Trop banal. Trop ordinaire.
Ai-je besoin d'attention? Non, je ne crois pas. J'ai l'habitude de passer incognito dans la masse. Et du coup, je ne me sens plus seule...
Illustration: Anne-Marie Auclair |
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